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  • Photo du rédacteurNicole Claudine Arboireau

Gri-gris et amulettes

Nom vernaculaire : gri-gri

synonymes: amulette, porte-bonheur, fétiche, talisman

Famille : Croyance



L'utilisation du mot gri-gri privilégie généralement un petit sac porté sur soi garni d'un mélange d'un ou plusieurs des ingrédients suivants : herbes, huiles, pierres, os, cheveux, ongles ou autres éléments personnels … Ces herbes séchées, ces écrits, enclos dans des petits sachets de peau ou de toile, étaient portés autour du cou ou de la taille, mais toujours à même la peau.

Ces amulettes offraient un sentiment de sécurité en ces époques lointaines où l’on craignait autant les épidémies, que le diable et ses malfaisances.


"Qui peut faire le bien, peut faire le mal ! "

Magie lointaine, relique de paganisme, croyances de bonne femme. Ces pratiques ne sont pas des survivances mais des pratiques qui, aujourd’hui touchent toutes les couches de la société confrontée à une technologie de plus en plus performante qui nous éloigne de la nature. L’amoureux se séparant de sa belle lui volera un mouchoir, un ruban, une mèche de cheveux qu’il portera sur lui pour qu’elle lui revienne, répétant un geste universel et de tous les temps.

Mais attention ! Le pouvoir des amulettes n'est cependant pas perçu comme illimité, elles ne protègent que des dangers contre lesquels elles ont été fabriquées. Nous avons toujours besoin d’expliquer l’inconnu, de croire au merveilleux et par jeux, nous continuons à toucher du bois, à éviter le chiffre 13, à chercher des trèfles à 4 feuilles, à jeter du sel par-dessus son épaule … 


Manger la première violette rencontrée au printemps protège des fièvres. Un brin de germandrée dans la poche protège de la foudre et des sorcières. Un bouquet de marjolaine porte chance. L’aubépine appelée épine blanche, éloigne le diable. Le romarin ne fleurit que chez les justes. Une graine de fenouil dans le trou d’une serrure permet de dormir sans être importuné par les fantômes !


Voici quelques plantes communes que vous connaissez sûrement dont je vous livre les usages curieux. Y croire ou pas, cela vous regarde mais je suis certaine que vous en tirerez profit et si vous n’osez pas les expérimenter, je suis certaine que vous serez amusés par mes confidences de sorcière souvent collectées auprès des plus vieilles que moi (elles se font rares) !



Le géranium

Tous les pélargoniums parfumés sont originaires de l’Afrique méridionale. Ceux que nous nommons géraniums dans le langage populaire sont tous des pélargoniums. Sa renommée lui vient de ses propriétés insecticides : L’usage populaire veut que son feuillage éloigne les moustiques ! Beaucoup de maisons en Provence possèdent encore une touffe de « rosat » par tradition. Je suis fidèle depuis longtemps au géranium rosat qui pousse si facilement dans nos jardins secs du midi. 

Je tire profit de sa délicate odeur de rose en l’utilisant comme base de mes pots-pourris fleuris. À cet effet, je fais sécher des petites bottes de feuilles à l’ombre afin d’en avoir toujours en réserve. 

Pour les utiliser, je les cisèle grossièrement, libérant ainsi toute leur fragrance. Les feuilles fraîches placées dans de l’eau fraîche donnent une boisson délicatement parfumée à la rose (ou à la menthe pour le géranium tomentosum) . Les feuilles pressées font de jolis marque page pour les lecteurs de livre/papier.

À l’automne, je taille les gros pieds de géranium rosat pour les forcer à renouveler leur feuillage.


L’huile parfumée au géranium rosat


  • Remplir un bocal de feuilles fraîches que je taillade.

  • Les couvrir d’huile d’amande douce ou d’olive, au choix.

  • Laisser l’enfleurage se faire en plaçant le bocal fermé au plein soleil.

  • Au bout d’une semaine, presser les feuilles au maximum avant de les jeter.

  • Ajouter de nouvelles, pareillement déchiquetées avant de placer à nouveau le bocal au soleil.

  • Cette opération gagne à être renouvelée trois fois pour donner au parfum toute son intensité. Après avoir définitivement filtré cette préparation, la verser dans un joli flacon de verre.

Cette huile utilisée en massage détend, donne à la peau, souplesse et douceur avec en plus un petit parfum tenace de rose sauvage, des plus séduisant ...



Le chat noir, animal sorcier enrichit celui qui le possède, aussi leur maître leur doit-il la première bouchée de tout ce qu’il mange.


L'armoise

Qu’elle soit cueillie dans les chemins ensauvagés ou cultivée dans les massifs du jardin d’aromates, cette plante ne brille pas par sa floraison très modeste, mais par la senteur de son feuillage. C’est une herbe porte-bonheur. Je ne manque pas d’en accrocher un tout frais chaque année au-dessus de ma porte, on ne sait jamais. Pour se garantir des maléfices, il faut toujours en porter une petite branche sur soi. Quelques feuilles placées dans les chaussures entre la semelle et le pied vous donneront des ailes. À essayer avant d’entreprendre une longue randonnée !


On l’utilisait avant, en infusion dans un vin ordinaire pour lui donner un goût de muscat …

En savoir plus sur l’armoise ici


Un bouquet d’armoise cueilli le matin de la Saint-Jean protège du mauvais oeil !


La sauge

La sauge est l’une des plantes les plus anciennement cultivées dans nos jardins. Les Romains lui ont donné son nom Salvia, de salvere qui veut dire sauver.

La sauge officinale, à des feuilles velues, plus ou moins larges selon les variétés d’un joli gris souris. Elles dégagent lorsqu’on les froisse, une odeur forte, médicamenteuse. C’est un tonique des convalescents, elle combat la fièvre, facilite la digestion, soigne les ulcères et les aphtes, régularise la circulation, purifie l’haleine  etc... Il faudrait un chapitre complet pour énumérer ses vertus. 



« La sauge du midi est plus énergique que celle qui pousse dans le Nord. C’est le tonique des convalescents qu’une longue maladie a laissé débiles et languissants.”

François-Joseph Cazin, "Le Grand Herbier ou Histoire générale des plantes", 1868.



On l’a utilisée sous diverses formes : en cataplasme chauds ou froids, en macération dans du vin, en cigarettes pour soulager les asthmatiques, en infusion, en bains de bouche...

La sauge entre pour une bonne part dans la composition du vinaigre des 4 voleurs dont la recette nous est parvenue depuis le XVIIe siècle avec bien des variantes dans sa composition.


Vinaigre des 4 voleurs

Ce vinaigre balsamique et désinfectant avait protégé de la peste quatre voleurs qui pillaient les maisons contaminées par une terrible épidémie. Ils furent pris et condamnés, mais on leur promit la vie sauve en échange de leur recette miraculeuse. Depuis ce jour, il n’est pas un formulaire magistral qui ne propose la véritable composition du Vinaigre des 4 voleurs.

Si les ajouts sont variés, la base se compose à part égales de sauge, de thym, de romarin et de lavande le tout mis à macérer dans du vinaigre d’alcool. Certains, par précaution, y ajoutent de l’ail, d’autres de la menthe, ou encore du genièvre ou du citron … 

A  vos chaudrons mes ami.es car cela donne un excellent vinaigre de toilette plutôt masculin cependant !



Le thym

Dénommé farigoule dans le midi, c’est une plante commune que l’on collecte dès le mois d’Avril quand il commence de fleurir. Indispensable en cuisine, il a été utilisé comme médicament dans l’armée jusqu’à la guerre de 1914/18 sous forme « d’énolée » de thym. Il permettait aux soldats des tranchées de soigner leurs bronches et de leur remonter  le moral. Les fleurs de thym mises à macérer dans du vin et un peu d’alcool pur donnaient une boisson médicamenteuse appréciée. 

J’ai essayé la recette, c’est un peu raide mais je la préfère aux sirops trop sucrés …


Pour mettre ‘en appétit’ votre compagne ou compagnon, rien de vaut un bain parfumé au thym… Les amoureux s’en souviendront et les gourmands penseront avec envie au repas à venir. Emprisonnez des feuilles et fleurs de thym dans un morceau de tissu léger comme de la tarlatane ou de la mousseline. Fermer et le plonger avec vous dans l’eau du bain. L’effet est relaxant et tonique à la fois.


Vous pouvez essayer la liqueur de fleurs de thym en remplissant un flacon de fleurs au printemps et en couvrant l’alcool. Le bocal placé au soleil va délivrer le thym de sa senteur. Au bout d’un mois, il suffira de filtrer et d’ajouter un sirop de sucre. C’est aussi un peu fort mais cela vous éclaircit la gorge en rien de temps !






 


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