Le géranium rosat
- Nicole Claudine Arboireau
- 7 avr.
- 4 min de lecture
Nom vernaculaire : Pélargonium odorant, Géranium Rosat
Nom latin : Pelargonium graveolens
Famille : Géraniacées
Le pélargonium est une plante vivace à souche ligneuse formant dans les pays méridionaux une touffe arrondie d’un mètre en tous sens. Les feuilles cordiformes, plus ou moins découpées, sont crépues et sécrètent une essence odorante. Les fleurs disposées en ombelles capitulées apparaissent dans le midi de mars à octobre. Elles sont rose purpurin et toute la plante dégage au moindre frôlement une délicieuse odeur de rose.
Tous les pélargoniums parfumés sont originaires de l’Afrique méridionale. Ceux que nous nommons géraniums dans le langage populaire sont tous des pélargoniums. Le géranium vrai est une plante herbacée, commune dans différents pays d’Europe ou d’Amérique. Divers pélargoniums furent importés du Cap de Bonne Espérance dès 1690.
En 1819, on obtint à Lyon l’essence par distillation et la plante commença alors à être cultivée pour la parfumerie. Il fallait une tonne de plantes en moyenne, ( rameaux et feuilles) pour obtenir un kilo d’essence. Elle servit à adultérer l’essence de roses, trop coûteuse. Pour compliquer les choses, on nomma communément l’essence tirée du pélargonium: essence de géranium ou essence de rosat ! On développa alors en Provence, en Algérie, en Corse et à la Réunion la culture de différentes espèces de pélargoniums odorants : Pelargonium Capitatum, P. Fragrans, P. Radula, P. Odoratissimum etc...
Utilisée dans la composition des eaux de toilettes parfumées, cette essence passe pour rendre ardent et aventureux !
Bien que ce ne soit pas une plante médicinale, le formulaire magistral de 1905 donne la recette d’une pommade pour soigner les brûlures où son essence est associée à celles de verveine, de thym et d’origan.
La culture du géranium rosat fut abandonnée, comme tant d’autres en Provence, au profit des importations moins coûteuses.
“L’essence qu’on en tire est fine au point de se confondre avec celle de rose...”
Au jardin
C’est donc une plante des pays chauds qui prospère facilement dans une terre ordinaire, pourvu qu’elle soit au plein soleil.
Si le géranium rosa se rencontre encore un peu partout dans les jardins, c’est qu’il est très facile à bouturer. Le moindre bout, issu d’une coupe de rajeunissement ou d’une cassure imprévue s’offre, s’échange, voyage sans risque et reprend facilement vie dès qu’on le plante.
Pour les jardiniers peu sûrs d’eux, je conseille la bouture avec un peu de bois, prélevée en fin d’été dont on tranche la base avec une lame propre. Piquée dans un mélange pas trop riche, comprenant 1/3 de sable grossier, la bouture racine rapidement surtout si la température reste douce.
Plantez le géranium rosat au soleil, à l’angle d’un massif. Sa floraison, d’un joli rose mourant n’est pas son principal attrait, c’est en frôlant la touffe que vous apprécierez son parfum tenace de vraie rose. Depuis quelques années, la mode horticole nous a proposé des variétés à odeur de pêche, de menthe, de citron, de muscade, etc … pour notre plus grand plaisir.
Essayez les, c’est une famille passionnante, cependant aucun ne rivalise en solidité et en simplicité avec le géranium rosat de nos aïeux. Il résiste à quelques degrés en dessous de zéro en sol sec et s’il gèle, une coupe courte lui assure un renouveau dès le printemps.
Mes secrets de jardinière
l'anti moustique
Sa renommée lui vient de ses propriétés insecticides. L’usage populaire veut que son feuillage éloigne les moustiques. Beaucoup de maisons en Provence possèdent encore une touffe de rosat par tradition. Cette plante se plaît aussi en pot. Il lui faut alors un mélange terreux plus riche tout en restant bien drainant. Pincer le souvent afin qu’il s’arrondisse gentiment.
Une série de pots alignés sur le devant d’une fenêtre sont du plus charmant effet et garantissent vraiment des moustiques pour peu qu’un léger rideau de mousseline, agité par la brise, les caresse parfumant ainsi toute la pièce.
Ami du pot pourri
Je suis fidèle depuis longtemps au géranium rosat qui pousse si facilement dans nos jardins secs du midi. Je tire profit de sa délicate odeur de rose en l’utilisant comme base de mes pots-pourris fleuris. À cet effet, je fais sécher des petites bottes de feuilles à l’ombre afin d’en avoir toujours en réserve. Pour les utiliser, je les cisèle grossièrement, libérant ainsi toute leur fragrance.
Ma recette de sorcière
À l’automne, je taille les gros pieds de géranium rosat pour les forcer à renouveler leur feuillage. Je récupère ainsi beaucoup de feuilles avec lesquelles je prépare une huile parfumée pour le corps.
Mon huile parfumée
Je remplis un bocal de feuilles fraîches que je taillade. Je les couvre d’huile d’amande douce ou d’olive, au choix.
Je laisse l’enfleurage se faire en plaçant le bocal fermé au plein soleil.
Au bout d’une semaine, je presse les feuilles au maximum avant de les jeter.
J’en ajoute de nouvelles, pareillement déchiquetées avant de placer à nouveau le bocal au soleil.
Cette opération gagne à être renouvelée trois fois pour donner au parfum toute son intensité. Après avoir définitivement filtré cette préparation, je la verse dans un joli flacon de verre.
Cette huile utilisée en massage détend, donne à la peau, après le bain, souplesse et douceur avec en plus un petit parfum tenace de rose sauvage, des plus séduisant...